Manager l’innovation

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Manager l’innovation

Le management de l’innovation présuppose un collectif d’acteurs dont l’activité a pour finalité l’élaboration d’un produit (ou service nouveau), susceptible, à la fois, d’apporter aux utilisateurs potentiels une amélioration de leurs conditions de vie ou de travail, et aussi, de dégager les bénéfices financiers nécessaires à pérenniser l’activité. Il s’agira alors d’organiser et de piloter les ressources humaines vers ces objectifs. C’est simple ! Et pourtant … dans cette présentation, l’essentiel est quelque peu occulté.

Parler d’un collectif d’acteurs tournés vers la nouveauté, cela revient à évoquer la créativité individuelle qui est à la source de l’innovation. Par conséquent, le « management du collectif » exige de s’intéresser d’abord à chacun des acteurs et aux conditions qui lui permettront d’exprimer sa propre créativité. Nous savons que la créativité est un processus humain qui concerne la part non consciente de notre fonctionnement cérébral et qui échappe au déterminisme méthodologique en se nourrissant, notamment, de liberté d’action. La créativité ne se pilote pas, ne se manage pas, ne se décrète pas. Dès lors ce sont les fondements mêmes de la démarche innovante qui nous échappent.

Il nous faut changer de regard !

Nous avons l’habitude de trouver, ou de donner le cas échéant, du sens à notre action, et par conséquent nous sommes le plus souvent enclin, dans notre manière de penser, à nous saisir des finalités, en l’occurrence de l’obtention d’un produit ou service innovant. Oui, mais nous venons d’appréhender la solution de continuité de cette logique qui a pour horizon le produit ou le service. Changer de logique, changer de regard, c’est prendre la juste mesure du problème rencontré : l’expression de la créativité est contingente et ressort d’un processus humain complexe, insaisissable, qui implique la part non définissable d’irrationnel que porte chacun de nous.

Notre regard doit alors se tourner vers l’acteur et sa « volonté intrinsèque » d’apporter une réponse à un « questionnement » dont il se saisi. La créativité est d’abord affaire d’engagement personnel de l’acteur et de passion. Puisque « rien ne nait de rien » le corollaire à l’expression d’une « volonté intrinsèque » sera l’état de ses connaissances. Il est alors bien évident que l’acteur puisera les ressources d’information qui lui sont nécessaires dans son environnement par une dynamique d’apprentissage. Ainsi nait un triptyque vertueux : questionnement, état des connaissances, volonté intrinsèque, au centre duquel le moteur est l’apprentissage.

Bien que cette vision soit un peu caricaturale, ne reflète-t-elle pas aussi l’essentiel d’une démarche d’épanouissement personnel généralisable à toute activité ? Car, au fond, toute activité appelle de la part de l’acteur l’exercice de sa créativité. Elle est inhérente à la vie, à la vie professionnelle, et se manifeste au travers des idées qui émergent dans notre conscient au quotidien. Ces idées sont intimement liées à notre capacité à observer, à nous nourrir de notre environnement, c’est-à-dire à apprendre.

La créativité est donc peu ou prou l’affaire de chacun des acteurs du collectif, d’une entreprise. Qu’il s’agisse de faire naître des idées d’amélioration du fonctionnement interne qui peuvent représenter 6 janvier 2018 2 des économies substantielles, ou des idées d’innovation-produit, lesquelles ne sont pas réservées au service R&D, ni même au marketing.

En l’occurrence, il s’agira de percevoir un besoin ou un désir chez des clients potentiels. Pour cela il nous faudra habiller notre capacité à observer d’empathie voire de compassion.

Innover c’est passer de l’idée, expression directe de la créativité, à l’action concrète par une ingénierie qui intronisera la nouveauté, le produit innovant. Cela requiert une décision, c’est-à-dire un jugement de valeur qui ressortira d’une juste pesée comparative des gains et des risques potentiels. Au niveau individuel, c’est souvent l’intuition qui vient au secours de la raison quand elle est à la peine. Au niveau collectif cette étape est majeure en termes de management, et présente un haut niveau de complexité. L’objectif n’est plus le produit ou le service innovant mais, à travers lui, la compétitivité de l’entreprise et sa pérennité.

L’issue relève de considérations toutes autant technique que stratégique, voire philosophique, jusqu’à laisser poindre un besoin de créativité à un autre niveau, un peu comme si l’éclosion de la créativité-produit induisait une onde de créativité se propageant à tous les étages de l’entreprise. En effet, une entreprise prospère sur un domaine aura du mal à accepter au présent « trop » de nouveauté. Elle aura tendance au conservatisme. Une entreprise en difficulté de compétitivité se tiendra en retrait face à la perception d’un accroissement de risque induit par une nouveauté encore plus déroutante. Elle aura tendance à la frilosité. L’innovation pourra prendre davantage l’allure d’une gageure que d’une planche de salut.

Dans tous les cas, le choix d’innover nécessitera de « penser autrement ».

Pour des entreprises dites « innovantes », il est classiquement accepté que c’est à peine quelques pourcents des idées émises qui se transforment en innovations. C’est peu, mais cela suffit pour y découvrir des pépites.

C’est ainsi que « le management de l’innovation » prend tout son sens. Non seulement cette fonction a un rôle majeur en amont, pour définir les orientations collectives et apporter le soutien nécessaire à favoriser et mettre en synergie la créativité de chacun des acteurs, mais elle est « vitale » pour l’entreprise au stade du choix des projets innovants. C’est un défi permanent pour l’entreprise en ce sens qu’il doit concilier au quotidien des tendances contradictoires entre : individuel et collectif, irrationnel et rationnel, prise de risque et pérennisation, encouragement et retenue …

Alors faisons confiance aux acteurs pour en assumer leur part dès lors qu’ils ont une bonne compréhension de leur rôle et conscience que leur propre créativité participe à un travail collaboratif au service des enjeux de l’entreprise. Il en va d’abord d’un « état d’esprit » partagé par chacun, et par là de son épanouissement.