Créatif pour innover – Partie 3

Créatif pour innover – Partie 3

Créatif pour innover - Article

Créatif pour innover

Le management de l’innovation est souvent un casse-tête pour l’entreprise car il consiste notamment à concilier ce qui peut apparaître contraire, comme l’expression des talents individuels de créativité, qui nécessitent de l’autonomie et du temps accordé aux acteurs, et la performance collective, source de plus-value, qui exige organisation et productivité. Et pour couronner le tout il faut ajouter que, plus que le produit innovant lui-même et son degré d’originalité, c’est la perception qu’en aura le client qui fera la véritable innovation, celle qui ouvrira les parts de marché visées par l’entreprise.

Cette image de la réalité, à peine caricaturale, laisse percevoir que les solutions de l’équation « entreprise/marché » échappent à une analyse qui reposerait sur le seul agencement des compétences au sein de l’entreprise. Sur la voie de l’innovation la prise en compte du facteur humain conduit à accorder une importance nouvelle à la confiance, au droit à l’erreur, à l’écoute, au sens du collectif, … jusqu’à considérer que l’objectif fondamental du management de l’innovation est l’émergence d’un état d’esprit créatif des acteurs qui doit prévaloir à tous les niveaux de l’entreprise.

Cet état d’esprit créatif est corrélatif d’une culture d’entreprise qui promeut l’innovation. Si cette démarche n’a rien de nouveau, tant au niveau des valeurs véhiculées que des modalités de reconnaissance des meilleures réalisations, elle doit toujours plus s’ouvrir à la nouveauté dans son accomplissement. Stimuler la créativité c’est créer les conditions permettant aux acteurs de rencontrer leur goût pour la recherche d’idées nouvelles, et de puiser ainsi dans leurs ressources de motivation intrinsèque pour mettre leur talent au service de la satisfaction des besoins du client. C’est aussi faire que toutes les compétences de l’entreprise se sentent concernées.

La genèse des innovations/inventions offre un fonds culturel, dont la richesse ne tient évidemment pas à ce qu’il contient de produits vieillots manifestement dépassés, mais plutôt à ce qu’il offre d’idées qui peuvent être revisitées à la lumière de technologies nouvelles, être transposées d’un domaine à un autre (dans lequel elles seront nouvelles), ou simplement recombinées entre elles pour faire émerger de nouveaux concepts de produits ou de procédés. Mais l’exploration de ce fonds culturel nécessite par ailleurs un regard nourri d’analyse du marché, et d’une perception sans cesse renouvelée des attentes diffuses des clients.

Alors, l’idée nouvelle peut naître d’une rencontre « improbable » entre ces deux mondes, celui des « attentes » et celui des « idées », sous les auspices du hasard, voire des manifestations de la « sérendipité » … jusqu’à favoriser une synthèse créative à l’origine d’une nouvelle histoire.

La genèse du célèbre « iPod » en est un exemple qui peut se résumer ainsi :

L’industrie de la téléphonie, inventée en 1876 par Graham Bell, a intégré dans les années 1920 une amélioration qui consistait à « simplifier » le signal audio en filtrant les fréquences « inutiles » pour que le message transmis demeure audible. Cette idée a conduit à développer des techniques de compression des données audio qui ont abouti au format connu sous la terminologie « MP3 » publié en 1995.

Par ailleurs l’idée du « baladeur » a fait l’objet d’un brevet déposé en 1977. Il utilisait le stockage de données audio, d’abord la « cassette » puis le disque CD. C’est à partir de 1998 que le baladeur a été commercialisé dans sa version numérique utilisant la technologie MP3.

En 2001 Apple reprend l’idée du « baladeur numérique » et présente un « baladeur numérique révolutionnaire », l’iPod, qui s’ajoute aux périphériques de sa « plateforme numérique » : le Mac.

L’iPod est alors décliné selon une gamme de produits commercialisés à partir de 2002 (iPod Touch, Suffle, Nano, iPhone …) avec des fonctionnalités étendues, capable de différents formats numériques dont MP3, et notamment équipé d’un écran tactile à partir de 2007. Un design sobre et fonctionnel qui a séduit un large public.

De cette présentation très succincte on retiendra que l’iPod, innovation emblématique, est né de l’idée du baladeur et des évolutions des techniques numériques qui préexistaient, augmentées de bon nombre d’innovations informatiques et d’une campagne publicitaire elle-même innovante, à la mesure de l’image de Apple, jusqu’au nom « iPod » issu d’une réplique du film « 2001, l’Odyssée de l’espace » sorti en 1968. (Source Wikipédia)

Ainsi le terreau des « créations existantes », ou fonds culturel, constitue un gisement d’idées à extraire de la « gangue » des réalisations soumises à l’effet de la banalité, et à la cécité qu’elle entraîne : pour le balandeur 25 années se sont écoulées avant « la greffe » qui a donné l’iPod …

Il ne s’agit évidemment pas d’aller à la rencontre d’un nouvel « Eldorado » des idées, qui, du même coup réduirait l’intérêt des autres voies vers la créativité. Il ne peut s’agir que d’une démarche exploratoire, complémentaire, voire en synergie avec d’autres outils, démarche nécessairement à adapter en fonction, notamment, des caractéristiques de la clientèle cible, de la gamme des produits existants, de la concurrence …

Une prochaine réflexion tentera de dessiner ce que peut être le profil de cette démarche qui vise une culture de la créativité, un état d’esprit.

Affaire à suivre …