L’entreprenariat et ses risques

L’entreprenariat et ses risques

Creatif pour innover - entreprenariat

L’entreprenariat et ses risques

Voilà un sujet hautement stratégique, quant aux enjeux qu’il présuppose, délicat à aborder, pour ce qu’il peut évoquer de stress et contenir de perception dissuasive à se lancer dans l’aventure, immensément vaste et général, jusqu’à en faire redouter une exigence d’omniscience pour en prendre la mesure, aux dimensions incommensurables, tant il est vrai que le risque est partout, en tout lieu et par tout temps … bref, un sujet complexe !

Ainsi la perspective du risque corrélative à l’action, en l’occurrence entrepreneuriale, a un caractère redoutable qui engendre la paralysie, quand elle ne prend pas le déni pour refuge.

Et pourtant, c’est un lieu commun que de rendre inséparable le risque de la vie… jusqu’à considérer que chacune de nos actions comporte sa part de risque face à la sanction de la réussite ou de l’échec. Et puis le risque peut cacher une opportunité … Nous voilà sur le versant de la philosophie, voire de la théologie, au risque de s’écarter de notre sujet.

Car au fond, si le sujet est complexe, alors il ne peut être traité en l’état, il faut donc opérer des simplifications d’approche pour le rendre accessible et susceptible d’éclairer l’action plutôt que de l’obérer.

Face à l’immensité d’un territoire a priori sans relief, le recours à « la carte et la boussole » semble une bonne piste.

« La carte » signifie qu’il faut d’abord circonscrire un domaine de réflexion, et le définir précisément. On ne peut pas être partout en même temps. En l’occurrence « l’entrepreneuriat recouvre les activités qui concourent à la formation et la croissance d’une entreprise, dont la conséquence première est la création de valeur (richesse, emploi) ». Ces activités, tournées vers la création de valeur, n’ont pas toutes la même importance au même moment, ni les mêmes priorités. Elles prennent place de manière organisée dans l’espace et dans le temps. Il s’agit d’un « projet », lequel se définira par l’étendue et la succession des actions qu’ils nécessitent, et leurs relations d’interface avec son environnement, voire son écosystème pour une entreprise.

« La boussole » signifie qu’il faut une référence de direction pour donner sens à ce que l’on projette. Dans la direction donnée par la finalité recherchée, le sens de l’action procède du principe de causalité : « D’une cause déterminée résulte nécessairement un effet … » selon Spinoza. S’intéresser aux risques attachés à l’action conduit à identifier les chaînes de causalité qui relient la finalité aux actions concrètes subséquentes qui prennent leur place dans l’espace et dans le temps. C’est dans ce continuum partagé par tous que l’action de l’Un rencontre l’action de l’Autre, ou son immobilité… Des collisions impromptues jaillissent des étincelles de « responsabilité » souvent coûteuses.

Au-delà du lyrisme et de la poésie, le « risk management » est l’outil privilégier de l’entrepreneur conscient des enjeux de son action et prompt à en maîtriser les effets désirables et indésirables, en vouant ses ressources à la rigueur et à l’exhaustivité jusqu’à anticiper une planche de salut. Le potentiel de collisions est important … depuis les risques environnementaux (préservation de la planète), … en passant par les risques juridiques (responsabilité croissante du dirigeant, …) et financiers (les pertes/subprimes, …), … jusqu’aux risques technologiques (la santé, …).

Si les grandes entreprises sont rompues à l’exercice, le « start-uppeur » est souvent dépourvu et rencontre une part d’aventure qui peut être fatale à son entreprise. Il a souvent tout prêt de lui les risques que représentent la concurrence, l’instabilité du marché, … et surtout le manque de ressources financières, principal générateur de stress.

Pourtant, un peu de temps consacré à la réflexion peut éviter bien des écueils. Organiser, structurer, et prioriser sa démarche est un premier pas à compléter par l’expression des objectifs. Formaliser, rédiger de manière lisible les tenants et aboutissants, est assurément une aide pour clarifier, trier, et préciser ses actions. Alors l’identification des risques qui pèsent sur chaque objectif peut être menée avec « la boussole » du principe de causalité (dans le jargon des spécialistes on trouve notamment « l’arbre des causes » et l’AMDEC : Analyse des Modes de Défaillance et de leur Criticité). Il conviendra ensuite d’en prendre la mesure en considérant leur probabilité d’occurrence et le niveau de gravité. Priorité sera donné aux plus critiques (ceux qui maximisent probabilité et gravité) pour définir des actions de maîtrises afin de les contenir à un niveau acceptable, voire à provisionner un budget pour les assumer le cas échéant.

C’est à ce stade que se joue un tournant dans la démarche d’analyse et pour sa valorisation. Ce ne sont pas ces premiers résultats qui sont entrepreuneurialement les plus importants et déterminants, mais plutôt la dynamique de réflexion sous-jacente dont ils sont issus. Cette dynamique est à engager dès le début. Ensuite il s’agira d’assurer le suivi de ce travail avec les inévitables mises à jour, du fait même de l’évolution du projet, et aussi de l’élargissement du champ de conscience que ce travail aura engendré pour l’entrepreneur en nourrissant sa créativité.

Le « risk management » est ainsi une composante majeure de l’activité entrepreneuriale.