Résilience …

 

La crise sanitaire du covid19 sévit, emportant avec elle l’espérance de temps qui s’offraient à la vie. Le drame pour l’Homme tient à cette privation que la Nature s’impose à elle-même comme compensation d’un dérèglement menaçant[1].

Le covid19 induit une « maladie émergente zoonotique », c'est-à-dire transmise par l’animal à l’être humain[2] dans le cadre d’activités qui conduisent à une proximité entre l’homme et l’animal et qui affectent les écosystèmes. Si l’hygiène individuelle et les prescriptions sanitaires permettent de prévenir les infections à court terme, à plus long terme c’est la préservation des équilibres de la biodiversité[3] qui s’impose. La compréhension de son fonctionnement, dont la complexité est de type métabolique, nous échappe.

Inédit, le virus covid19 s’est répandu sur la planète en quelques semaines obligeant à prendre des mesures de protection drastiques. La menace apparait individuelle et immédiate avant d’être collective. L’obligation de confinement, « chez soi », répond à la fragilité collective qu’a produit la mobilité. La planète doit faire face aux conséquences dramatiques d’une pandémie.

Inopiné, la pandémie anticipe brutalement la prise de conscience planétaire de l’étroitesse de notre rapport à la Nature, dont le dérèglement climatique nous donne une autre forme de mesure.

Inouïe, l’ampleur et la rapidité de l’information sur le diagnostic, les mesures à prendre, ainsi que sur l’effort de recherche médicale pour contrecarrer le mal, révélant ainsi une puissante solidarité mondiale, « Par-delà le bien et le mal ».

Pour la première fois, à cette échelle collective, dans l’Histoire mondiale, l’épiderme de l’humanité a réagi à l’agression en sécrétant, au présent, de la solidarité face à un ennemi commun. Simultanément les aigreurs individuelles que la vie a égrenées s’épanchent dans un concert cathartique.

Plus sournois, le dérèglement climatique apparait, pour le futur, une menace de portée collective bien pire, et durable, mais dont la perception individuelle est plus diffuse.

Est-ce à dire qu’au-delà de ses effets dramatiques, covid19 est un apprentissage collectif propre à nous mettre sur la voie de la réponse à apporter face au dérèglement climatique ?

Si la solidarité (éclairée) est une valeur suprême, c’est bien parce que c’est le premier facteur de résilience du collectif : « l’union fait la force ».

Reste à (re)considérer le statut de la technologie, dont on défend la « neutralité », à la fois le principal facteur de dérèglement (mobilité et carbone) et le principal moyen au service de la solidarité (numérique et information).

C’est bien cette neutralité qui ressuscite du tréfonds du XVIème siècle, François Rabelais, médecin et bon vivant : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ».

 



[1] Position française sur le concept « One Health/Une seule santé » - Ministère des affaires étrangères et européennes : « … l’érosion de la biodiversité a un impact sur la santé publique, en termes de richesse et de variété de l’alimentation, mais aussi de pathologies. De nombreux pathogènes se révèlent capables de menacer les êtres humains lorsque leur niche environnementale a subi de profondes perturbations ».

[2] « 60% des maladies infectieuses décrites chez l’homme sont d’origine animale ». Idem référence ci-dessus

[3] « … un écosystème déséquilibré peut engendrer la prolifération de l’espèce véhiculant le pathogène ou la pousser à s’attaquer davantage aux êtres humains ». Idem référence ci-dessus