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Solidarité et
réindustrialisation : réflexion
Il y a de nombreuses années de cela, assis et ceinturé
sur un siège d’un vol long-courrier (sûrement Air France), j’écoutais
distraitement l’énoncé devenu banal des consignes de sécurité, tout en
regardant les démonstrations que l’hôtesse de l’air avaient entreprises lorsque
l’avion eut atteint des conditions stabilisées de vol.
J’entendais et je voyais, mais mon esprit était
ailleurs, peut-être encore à vérifier que je n’avais rien oublié dans mes
bagages ou bien déjà à rêver aux jours à venir.
Après les marques au sol, les gilets de sauvetage, les
hublots de sécurité, vint les masques à utiliser en cas de dépressurisation
pour s’alimenter en oxygène dans une atmosphère raréfiée qui peut être fatale.
L’hôtesse simula la préemption du masque et porta
l’embout à son visage. Tandis que le haut-parleur expliquait comment procéder,
je fus saisi d’un rappel brutal de ma conscience qui venait d’appréhender au
travers de ce qui était dit l’éclat d’une évidente vérité au travers de
laquelle la solidarité évinçait l’égoïsme d’un geste protecteur en ordonnant la
pensée : « commencer par appliquer le masque sur votre visage,
puis aider votre voisin à mettre le sien ». Oui, c’est bien en restant en vie
et en préservant ses facultés que l’on peut aider son voisin, l’Autre
nous-même.
J’avais entendu de nombreuses fois ce message, mais
jamais je n’avais été saisi par la profondeur et l’universalité du sens qu’il
détenait par-delà sa banalité.
J’ai rencontré depuis nombre de situations qui m’ont
rappelé cette évidente vérité concernant la solidarité. Elle se module en
fonction de la criticité de la situation jusqu’à ouvrir la voie à toutes formes
de partages, d’échanges, voire de partenariats préétablis dès lors que les
conséquences peuvent être anticipées. Alors la solidarité peut muer en
interdépendance assumée et équilibrée.
Le balancier de la désindustrialisation de la France
(part de l’industrie manufacturière dans le PIB d’environ 25% en 1975 et de 10%
aujourd’hui, la « norme" au niveau européen étant autour de 20%),
amorcée dans les années 1960 et qui s’est accélérée à partir des années 1980,
rencontre vraisemblablement aujourd’hui son apogée.
Le monde fini gagnera à ce que les ajustements
d'inéluctable réindustrialisation à venir se fassent dans un accroissement de
solidarité bien comprise.