Créatif pour innover – Partie 4

Créatif pour innover – Partie 4

Créatif pour innover - Article

Créatif pour innover

(Suite de l’article)

Nous avons vu que l’innovation est au cœur du fonctionnement de l’entreprise qui assure sa pérennité en gagnant des parts de marché. L’innovation est alors nécessairement collaborative pour mettre à profit tous les talents de l’entreprise tournés vers la satisfaction des besoins du client.

Mais cela ne se décrète pas, c’est le résultat d’un jeu subtil entre deux fonctions principales :

–         la fonction marketing qui dit « où aller » : « Fonction reliant une entreprise aux besoins et désirs de ses clients pour fournir le bon produit, au bon endroit et au bon moment »,

–         la fonction recherche et développement qui produit les moyens à mettre en œuvre« pour y aller ».

A cela il faut ajouter que les besoins et désirs des clients ne sont jamais figés, et qu’ils changent notamment au gré des évolutions sociales.

Ce modèle simple suffit à comprendre l’importance pour ces deux fonctions de se « connaitre » mutuellement, afin que chacune perçoive le champ d’action de l’autre et son actualité, pour créer au final une « pseudo fonction transverse » portée par l’ensemble des acteurs imprégnés des valeurs et ambitions de l’entreprise.

Cette « pseudo fonction transverse » possède les atouts pour produire du « comment », et plus précisément pour favoriser l’apparition des circonstances dans lesquelles il peut advenir. Tout ne s’écrit pas, particulièrement en matière de créativité, les idées circulent portées par un « parfum d’ambiance ».

Ce « comment » est porteur de l’innovation.

Quant à la pseudo fonction transverse, elle tient sa nature de « fonction » notamment du fait qu’elle transforme la culture d’entreprise (ce qui fait sa spécificité, son « ADN », et qui est partagé par les acteurs) en contribution à la valeur ajoutée de l’entreprise par l’entremise de l’action des agents qu’elle irrigue. Cette transformation ne répond plus directement à la logique volontariste et cartésienne qui consiste à exprimer ses compétences métiers selon des objectifs fixés par un projet. Elle ouvre le champ subtil des potentialités de l’humain, elle est « hors sol ». Elle favorise le fonctionnement harmonieux de l’organisation de l’entreprise.

Cet idéal après lequel cours la réalité de l’entreprise n’est peut-être pas si distant si on accepte d’accompagner la démarche entrepreneuriale collective d’une démarche individuelle qui puisse se présenter comme une « respiration » ponctuant les phases de travail des acteurs, un moment « ré-créatif » propice à « l’inspiration » … (!)

Concrètement, c’est dans cette optique que Google a mis en place son fameux « 20% », un temps hebdomadaire dont chaque acteur dispose pour mener un projet de son choix dans une démarche individuelle. Il peut aussi s’agir d’un temps dédié à l’ouverture à la connaissance, pour entretenir une des facultés majeures qui conditionne notre relation à l’environnement et notre vie : la faculté d’apprendre. 20% de temps alloué individuellement hors du champ des projets de l’entreprise peut être excessif et non généralisable … Mais le sens à trouver à cela est sûrement dans la continuité qu’une telle démarche comporte, une continuité capable de faire naître un nouveau rapport à la créativité, une motivation intrinsèque, un nouvel état d’esprit porteur de germes « d’innovation », et de l’entretenir.

En suivant le fil conducteur des précédents articles « Créatif pour innover », favoriser la créativité dans l’entreprise, c’est aussi ouvrir aux acteurs le fonds culturel de la genèse d’innovations/inventions qui ont relevés le défi du marché. Les idées se greffent les unes aux autres.

Comment ? Par des exposés réguliers et de courte durée qui mettent en lumière les différents ressorts de créativité qui ont œuvré jusqu’à la mise sur le marché d’un produit (ou service) nouveau et son acceptation par la clientèle. Sachant que le caractère particulièrement innovant et déterminant dans la réussite du lancement du produit, pourra ne concerner qu’une partie du processus, et pas nécessairement le produit lui-même (cas d’un marketing innovant). Mais c’est le processus dans son ensemble qui va offrir du sens.

Au-delà des produits innovants à la rencontre du marché, le plus souvent « innovations incrémentales » (amélioration du produit), c’est tout le champ des « inventions » (nouveautés techniques, exemple : la fibre optique) et « innovations de rupture » (innovation de concept, exemple : l’Iphone) qui constitue une vitrine de « synthèses créatives ».

Les illustrations ne doivent pas être nécessairement issues de domaines d’activité proches des activités de l’entreprise, bien que cela puisse aussi présenter un intérêt de type « Retex ». Mais ce dernier porte alors une finalité concrète, rationnelle et pragmatique, qui regarde à l’opposé de la démarche créative, laquelle se veut ouverte jusqu’à être « divergente » et tournée vers le questionnement, du moins dans un premier temps.

La finalité de l’illustration sera plutôt de proposer une voie « d’évasion » des référentiels de pensées qui encadrent l’activité quotidienne des auditeurs, en montrant de la nouveauté pour surprendre et captiver l’attention. Par exemple : le domaine de l’œnologie va chercher des idées dans le domaine du médical pour la création de certains capteurs. De manière connexe, la Nature, elle-même, est aussi un merveilleux champ d’investigation pour faire émerger des idées nouvelles : biomimétisme, …

Dans sa forme, l’exposé doit expliciter l’émergence de la « synthèse créative » en montrant ses différents ressorts, y compris ceux issus de l’histoire du créateur, et le jeu de leur influence respective. Par exemple : l’apparition de la photographie au début du XIXème siècle a détourné l’Art en peinture de la fidélité au réel ouvrant ainsi la voie à la technique picturale impressionniste dans la seconde partie du siècle, bien qu’il y ait eu d’autres facteurs, dont le talent des artistes, …

Le travail à réaliser pour élaborer l’exposé consiste à mettre en œuvre une démarche d’analyse structurée par une grille de lecture de « l’Histoire de l’innovation/invention » sous tous ses aspects. Et il arrive (souvent) qu’à une étape avancée de la visite ou recherche historique, le sujet choisi se révèle infructueux ou rencontre un vide historique …

Le travail nécessite donc la persévérance qu’offre seule une motivation intrinsèque, jusqu’à tenter de percevoir comment les créateurs l’ont exprimée, avec l’ambition de partager. La créativité est aussi une forme de « langage au-delà des mots » commun à tous.

Affaire … de motivation (intrinsèque) !